lundi 11 janvier 2010

Hommage à Kristina Rady : à coeur pur

Les affaires du monde, et la vie de certains dans le monde ne laissent jamais indifférents. Mais ce ne sont pas à proprement parler nos affaires. Histoires souvent montées en épingle par une presse avide de gros titres qui font vendre. Aujourd'hui pourtant, un triste évènement éclabousse de sa tristesse le conservatoire et notre association. Kristina Rady, l'ex-épouse de Bertrand Cantat, vient de se donner la mort. Comme le chanteur était chez elle ce jour-là, que les esprits demeurent agités par la terrible fin de Marie Trintignant, les commentaires vont bon train et les esprits s'emballent...
Kristina avait rejoint l'association à la rentrée. Mère de deux enfants de musicien, artiste accomplie elle-même, elle accompagnait avec beaucoup d'attention l'installation de sa fille Alice au conservatoire. Elle était pleine d'idées et nous avions de nombreux projets. Lorsque nous nous sommes rencontrés la première fois, Kristina revenait du Canada. un voyage éclair pour la promotion d'un concert dont elle s'occupait. Elle arriva avec plusieurs heures de retard, fatiguée par le décalage horaire. Ce que je garde de ce premier contact, c'est son sourire. Un large et beau sourire. Puis elle se mit à parler avec cette pointe d'accent hongrois qu'elle avait conservé, dans un français magnifique... L'entretien dura plusieurs heures.
Kristina était une de ces femmes dont on n'oublie jamais l'allure, le visage, la gestuelle. Nous avons parlé longtemps et elle a pris la décision de s'engager à nos côtés, proposant d'organiser en 2010 un spectacle au bénéfice de l'APEC qui souffre beaucoup de la diminution de la subvention qui lui était versée depuis de nombreuses années. Elle rayonnait quand elle parlait de ses enfants, de la musique, de l'art, de la poésie. Nous avons parlé d'Anno Birkin, des écrivains hongrois, de France Culture, du monde de la traduction, de création, de Bordeaux. j'étais heureux de compter dans nos rangs une personne dotée d'autant de qualités et d'idées. En partant, lui racontant que j'avais mis du temps à réaliser qui elle était quand elle m'avait contacté, me remémorant les articles lus, les reportages vus à la télévision à l'époque de la triste affaire de Vilnius, elle me dit : "je vous suis reconnaissante". Devant mon étonnement, elle continua : "oui reconnaissante de voir que je ne vous fais pas peur, que ce à quoi je suis lié ne vous encombre pas !". Son regard si lumineux s'était fait un court instant très sombre et son visage me parut très triste. Nous ne nous sommes plus beaucoup vus depuis cette première rencontre mais nous avions commencé à élaborer plusieurs projets dont nous avions convenu de reparler en janvier.
Je voudrais par ces lignes rendre hommage à cette femme brillante, parent d'élève comme les autres, blessée par la vie comme beaucoup, mais grande dans son combat, digne, débordant de bonté et d'énergie. J'adresse à Milo et à Alice ses enfants et à leur père, à tous ceux qu'elle aimait, à tous ceux qui l'aimaient, mes sincères condoléances.
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"Je m’interromprais avec un cœur pur [...],
et l'herbe qui apporte la mort
poussera par-dessus mon cœur
magnifiquement juste."
Attila Jozsef

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour cette évocation pleine de respect et d'humanité.

Anne a dit…

Tous disent comme vous que ce fut une femme de grand talent. Quelle perte !

Anonyme a dit…

Tant de bonté, d'intelligence et grandeur d'âme au service d'un homme qui n'a pas su la voir telle qu'elle était...Kristina pensait-elle que morte elle serait plus présente dans le coeur de celui à qui elle a tout sacrifié?
Quelle triste fin pour une femme aussi admirable!

Anonyme a dit…

eh oui elle était de grands talents, mais les médias le taisaient et l'ont jugé, elle aimait et vues toutes les qualités qu'on lui prête, il doit en avoir,Quand je le relis cela me semble évident.

Anonyme a dit…

si cet écrit pouvait être lu par Bertrand Cantat et ses enfants d'abord et par d'autres. Ces autres qui eux ne surent pas comme vous le dites fort bien, aller au-delà du sensationnel.Nous devrions essayer de nous souvenir qu'il faut tourner le dos à ces mises en patûre qui finissent par tellement abîmer que la vie n'a plus de sens et que l'on ne trouve plus sa place.Et puis des médias qui sont incapables de reconnaitre les vraies personnes celles qui irradient comme vous le dites aussi.A ceux qui la connaissaient peu ou pas écouter son émission rediffusée sur France Culture, pourquoi at-elle imiter Attila Joseph? Merci.