Le
ministère de la Culture a rédigé en commun avec le ministère de l'Education nationale une
circulaire qui met en place le "parcours d'éducation artistique et
culturelle". Parue le 3 mai dernier, elle définit
l'éducation artistique et culturelle comme l'une de ses priorités du gouvernement. Inscrit dans le projet de loi sur la refondation de l'école, "conforté par une formation renforcée et systématisée"
de l'ensemble des acteurs concernés, le parcours d'éducation artistique
et culturelle comprendra trois volets complémentaires : les
enseignements (dont l'histoire des arts), les pratiques artistiques
(arts plastiques, musique, théâtre) la rencontre avec des œuvres et des
artistes. Dans la
foulée des consultations sur l'école d'une part, et de celles sur l'éducation
artistique et culturelle d'autre part, les deux ministres affichent clairement leur volonté
d'imprimer une nouvelle dynamique à l'initiation des pratiques artistiques, dans la droite ligne du Plan
Tasca-Lang.
La circulaire
publiée début mai est donc le résultat de toutes ls réflexions engagées ces
derniers mois. Sans surprise, elle réaffirme l'importance d'une culture
commune comme base du lien social et l'ambition d'un égal accès de
chaque jeune à l'art et à la culture.
Une notion nouvelle fait son apparition dans le vocabulaire ministériel et les bordelais s'en réjouiront qui défendent avec notre directeur cette notion : le parcours. Elle figurait dans les propos introductifs de la consultation
organisée l'hiver dernier par le ministère de la Culture. Largement reprise par les contributeurs, qui ont clairement identifié le besoin d'une mise en
cohérence de la diversité des propositions actuelles d’éducation
artistique et culturelle. Évidence que nous avons toujours soulignée !
Le parcours d'éducation artistique et culturelle, composé de
connaissances, de pratiques et de rencontres, prend en compte les
propositions faites à chaque jeune en temps scolaire et périscolaire,
mais également intègre les démarches extra-scolaires.
Selon la circulaire, ce parcours pourrait être mémorisé dans un
document qui garderait la trace des différentes expériences. Malgré
l'avancée que constitue cette notion de "parcours" et l'éventualité de
sa matérialisation, il restera encore des progrès à faire en matière de
valorisation des acquis des jeunes au regard de leur cursus scolaire :
nous souhaitons qu'une fois identifié et régulièrement renseigné, ce
parcours puisse participer à l'évaluation du jeune et sous des formes à
définir, puisse contribuer par exemple aux différents diplômes. Le conservatoire de Bordeaux travaille dans ce sens depuis plusieurs années et les solutions mises en place montrent bien que les choix faits par le Conseil d’Établissement, avec le soutien de tous les partenaires, vont dans le bon sens. Une fois encore, il est bon de le redire : notre conservatoire est dans l'innovation et le mouvement et nous pouvons en être fiers !
Les contributions avaient également largement identifié la nécessité
de mettre en place des instances permettant de favoriser la continuité
du parcours entre les différents temps éducatifs de l'enfant. Il est donc urgent de favoriser la concertation de tous les acteurs.
La circulaire met ainsi en avant la nécessaire articulation du
travail entre les ministères concernés, et ce également au niveau de
leurs services déconcentrés. Le conseiller Éducation artistique et
culturelle de la DRAC aura ainsi dans ses prérogatives celle
d'impliquer plus facilement les familles dans les projets artistiques et
culturels de leurs enfants (!!!). Elle prévoit également la création de
comités territoriaux de pilotage qui réuniront chaque année les différents
niveaux de collectivités territoriales, et les représentants de l’État. Ces comités auront pour objet de définir et mettre en œuvre les
grands axes de développement ainsi que le suivi et l'évaluation des
politiques menées. Enfin, au niveau national, un bilan annuel sera effectué par les
services des ministères de la culture et de l’Éducation Nationale et
sera remis au Haut Conseil de l’Éducation Artistique qui fait ainsi son
grand retour après avoir disparu du paysage ces derniers mois.
Est-ce le retour des formations communes ? L'ambition de bâtir une culture commune ne se limite pas aux
jeunes : la circulaire remet ainsi au goût du jour les formations communes
pour l'ensemble des intervenants, quelle que soit leur position :
professeurs, artistes intervenants, formateurs, conseillers
pédagogiques. Ces rendez-vous qui ont connu des périodes fastes (sous forme
d'universités d'été notamment), sont plébiscités par de nombreux acteurs de
l'éducation artistique et culturelle. Ils pourraient donc de nouveau fournir
matière à enrichir le débat et la réflexion.
On ne peut que se réjouir de ce texte cadre qui pose de grands
principes ambitieux et généreux. On peut également apprécier qu'au
détour d'un paragraphe soit rappelé la spécificité de l'enseignement
artistique dispensé par les conservatoires. qui cependant risquent de connaître de profondes mutations et remises en cause.
Mais, en revanche, en ces temps de crise et de disette budgétaire, on peut s'interroger sur les moyens que pourront effectivement dégager l’État et les collectivités territoriales pour que toutes ces belles choses ne demeurent pas de simples effets de manche, de la simple poudre aux yeux électoraliste...
Mais, en revanche, en ces temps de crise et de disette budgétaire, on peut s'interroger sur les moyens que pourront effectivement dégager l’État et les collectivités territoriales pour que toutes ces belles choses ne demeurent pas de simples effets de manche, de la simple poudre aux yeux électoraliste...